7 oct. 2007

L'appétit vient en mangeant


Parfois, il faut se forcer à faire quelque chose pour finalement avoir envie de le faire. Cette réflexion m'a été inspiré par la mise à jour de ce blog (que j'ai longtemps négligée ces dernières semaines), mais elle s'applique à beaucoup d'autres activités: photographie, musique, écriture de fiction, cuisine, etc. Je me suis demandé comment on pouvait créer l'envie par la contrainte.


La première explication qui me soit venue à l'esprit est que, peut-être, nous avons une mauvaise mémoire des plaisirs que nous éprouvons. Nous pratiquons certaines activités car elles nous procurent du plaisir (je ne parle ici que des loisirs), nous les choisissons dans ce but. Toutefois, après un certain temps, on oublie la nature du plaisir ressenti. Sans cette récompense clairement en tête, il devient difficile de se lancer dans l'activité qui en est la source. Néanmoins, dès que l'on s'y remet (en se forçant si nécessaire), la sensation de plaisir revient et nous pousse à continuer. Comme si on réactivait la mémoire du plaisir.


Une autre explication pourrait être liée à la maîtrise des distractions. Le choix de se lancer dans une activité est en concurrence directe avec une bonne dizaine d'autres sources potentielles de plaisir: la télé, le cinéma, un DVD, une promenade, un podcast, etc. S'obliger à entamer l'activité crée une sorte de bulle d'isolement qui repousse les autres sources de distraction en monopolisant l'attention. Les autres stimuli et leur plaisir potentiel ne peuvent par conséquent plus entrer en compétition avec le plaisir de l'activité en cours; un «tiens» vaut mieux que deux «tu l'auras».


Dernier argument: l'être humain est une créature d'habitudes. Nous nous complaisons dans ce que nous connaissons et que nous avons fait des centaines de fois; c'est rassurant. Seulement les habitudes ne sont pas stockées dans le cerveau conscient. On se souvient d'une habitude par les gestes et les réactions qui l'entourent. On se souvient d'une habitude en la pratiquant.


Je ne prétends pas avoir trouver les vrais raisons du phénomène, mais j'ai maintenant à disposition quelques arguments auxquels je pourrai me confronter quand j'aurai des réticences à me lancer dans une activité. Peut-être même arriverai-je à me convaincre grâce à eux.