6 avr. 2007

Chauffer de l'eau peut paraître simple, rien de plus faux...

Je ne cesserai jamais de m'émerveiller devant les surprises que nous réservent les lois de la physique et de la chimie. On croit avoir compris un phénomène pendant des années jusqu'au jour où la nature nous dévoile une nouvelle facette et remet en cause nos connaissances. C'est ce qui m'est arrivé ce matin au boulot en préparant mon thé.


Je ne bois pas de café car je n'aime pas le goût. A la place, je prends du thé. D'un point de vue social, les rôles respectifs du café et du thé sont très similaires. C'est par ce biais que je participe à la réunion informelle du café matinal sans pour autant me ruiner la santé. Nous avons investi dans une bouilloire pour chauffer de l'eau et je fais infuser mon thé préféré chaque matin. Aujourd'hui comme tous les jours, je m'apprêtais à chauffer l'eau mais impossible de mettre la main sur la bouilloire. Jusqu'à ce que je me rappelle qu'elle était chez moi, je l'y avais oubliée.


Deux questions se posent en lisant ce qui précède: pourquoi est-ce que la bouilloire du travail était chez moi et comment ai-je fait pour oublier ça? Je vais commencer par éclaircir le deuxième point: c'était un lundi matin. Vous connaissez beaucoup de gens qui sont efficaces en arrivant au travail le matin? Le lundi en particulier? Quant au premier point, il tient au fait que notre eau est très calcaire. Après deux semaines, le dépôt dans la bouilloire allonge significativement le temps d'ébullition. Je prends donc sur moi d'emmener la bouilloire chez moi le week-end pour éliminer le tartre, ce que j'ai fait cette semaine.


Heureusement nous avons de la ressource. Outre la fameuse bouilloire, le bureau compte un four à micro-ondes que personne n'utilise. C'est un four quelconque et bon marché mais suffisant pour chauffer un peu d'eau. J'ai donc rempli mon mug d'eau froide, l'ai placé dans le four bien au centre du plateau, fermé la porte, réglé la puissance au maximum et lancé un cycle de 3 minutes. Je dois dire qu'à ce moment précis j'étais assez fier de moi. Je venais de faire montre d'une capacité d'adaptation extraordinaire de si bon matin. C'est le ding de la fin du cycle de chauffage qui m'a sorti de ma béatitude matinale.


J'avais donc un mug d'eau fumante devant moi. La suite des opération consiste à faire infuser des feuilles de thé emprisonnées dans une cuillère à thé pendant quelques minutes. Il suffit ensuite de retirer la cuillère et le thé est prêt. Le seul inconvénient de cette technique est qu'il reste des petits débris de feuilles qui se sont échappés par les trous de la cuillère. Heureusement, ils coulent rapidement au fond du mug et ne gênent en rien la dégustation. C'est en essayant d'appliquer cette recette ce matin que les lois de la nature m'ont pris au dépourvu.


D'abord, je n'avais jamais vu du thé mousser en infusant. Pour créer des bulles dans de l'eau il faut beaucoup agiter. Ici aucun mouvement, mon thé s'est mis à mousser tout seul! J'ai utilisé le même thé, la même cuillère, le même mug et la même eau que d'habitude. Seul le chauffage de l'eau était différent. Etait-ce suffisant pour provoquer l'apparition de mousse?


Ce n'est pas tout. De petits débris de thé se sont échappés de la cuillère comme les autres jours, rien de plus normal. Sauf qu'au lieu de s'accumuler au fond du mug, ils se sont mis à flotter à la surface! Je ne vous raconte pas les contorsions labiales nécessaires pour boire du thé en évitant les petits morceaux de feuilles qui flottent. Une paille m'aurait bien été utile.


Et pour couronner le tout, le goût était complètement différent.


J'ai cherché une explication en vain. La seule différence entre le thé de ce matin et celui des autre jour résidait dans la façon de chauffer l'eau. Je n'arrive pas à croire que le chauffage au micro-onde puisse corrompre de l'eau à ce point. Après tout, on ne fait que provoquer l'agitation des molécules d'eau dans les deux cas. Est-ce suffisant pour changer les propriétés de l'eau?


Et puis je me suis rappelé qu'un des principes de la science est d'accepter de ne pas tout savoir et rester humble devant la nature et ses mystères. Il me suffira de ne plus oublier la bouilloire.

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