14 avr. 2007

Transparence Globale


Il y a quelques jours, je suis tombé sur un livre intéressant. Il traite de la Transparence Globale, de ses effets significatifs sur la gouvernance des pays et sur les relations qu'ils entretiennent. L'auteure attire notre attention sur le fait qu'il y a des effets positifs à la Transparence Globale (encensés par les gouvernements), mais qu'il y a également des effets négatifs beaucoup moins populaires mais néanmoins dangereux. Pour sa démonstration, elle adopte un point de vue large en restant au niveau des états. Je me suis alors demandé quels effets la Transparence Globale avait sur nous, les citoyens-consommateurs.


La Transparence Globale résulte de la large diffusion d'informations dans les démocraties. L'information circule parce que les gouvernements communiquent avec leur peuple, parce que les partis politiques cherchent à obtenir le pouvoir et parce que les pays ont entérinés des traités internationaux qui requièrent la divulgation d'informations les concernant. De plus, la présence de médias forts en renforce la propagation et les technologies actuelles de l'information invitent chaque citoyen à s'exprimer et à donner son avis. Il en résulte une grande quantité de renseignements qui brosse un portrait fidèle de chaque pays.


Les effets de cette Transparence sont à la fois bons et mauvais. Du côté positif, l'information permet aux peuples de conserver la mainmise sur les gouvernants et renforce l'enracinement de la démocratie. Du côté négatif, l'information disponible tend à réduire et sursimplifier les faits dans un soucis d'accessibilité. Les nuances disparaissent et il est par conséquent toujours possible d'y trouver des arguments qui renforcent des idées reçues (assimiler tous les musulmans à des terroristes, par exemple).


Toutes ces considérations sont d'ordre général. A notre niveau de citoyen-consommateur, quels sont les effets concrets? D'abord, notre côté citoyen bénéficie pleinement de la transparence (cette dernière n'étant que l'extension du jeu démocratique au fil des années). Mais tout n'est pas rose pour autant. Il nous faut être vigilants et veiller à amplifier les aspects positifs de la transparence tout en cherchant à éliminer les aspects négatifs (les opinions à l'emporte-pièce sont encore trop nombreuses et stigmatiser des groupes sociaux reste un moyen commode de détourner l'attention).


Quant au consommateur qui cohabite avec le citoyen, il est dans une situation bien moins favorable. La raison en est simple: la Transparence Globale n'existe pas pour lui.


Le consommateur n'est qu'un intervenant de la machine économique. On y compte aussi les entreprises qui fournissent les biens de consommation. Or, si on sait que la transparence prospère dans un écosystème de démocraties, on peut se demander comment circule l'information dans un écosystème de dictatures? En effet, une entreprise n'est autre qu'une dictature à petite échelle. Un employé n'est pas un citoyen de l'entreprise, son rôle est de faire fructifier les intérêts de l'entreprise. Dans de telles conditions, il ne peut pas être une source d'information à l'instar du citoyen.


De son côté une entreprise n'émet que très peu d'information vers l'extérieur. En fait, rien ne l'y oblige (si ce n'est certains indicateurs économiques). L'équivalent des traités internationaux entre démocraties n'existe pas entre entreprises. Il en résulte une culture du secret qui est justifiée par la préservation des avantages concurrentiels: une entreprise en dit le moins possible pour éviter de se faire subtiliser ses idées. Incidemment, c'est aussi un moyen pratique de dissimuler ce qui est embarrassant (sécurité, risques, déontologie économique).


L'information qui sort effectivement des entreprises, la publicité, tient plus lieu de propagande que d'information. Elle n'offre que peu de contenu objectif au profit d'un effort de présentation qui tient lieu de miroir aux alouettes ou de technique de prestidigitation.


Les associations de consommateurs essaient de jouer vis-à-vis des entreprises le même rôle que les Organisations Non Gouvernementale qui aiguillonnent les gouvernements. Malheureusement, leur efficacité est nettement moindre. D'abord parce que l'information est difficile à trouver, ensuite parce que leurs moyens ne les autorisent qu'à un accès restreint aux médias. Le rapport de force en ce domaine est largement déséquilibré.


Il y a toutefois un espoir dans ce sombre tableau: nous bénéficions d'une technologie de l'information très efficace. Elle devrait nous permettre, à nous les consommateurs, de construire nos propres canaux médiatiques pour diffuser le plus d'information possible à propos des entreprises et de leurs produits. A nous de jouer les ONGs de la consommation. Nous avons pour nous le nombre: il y a plus de consommateurs que d'entreprises. A nous de les forcer à intégrer nos critères dans leur communication. Certains apparaissent déjà sous forme de label (commerce équitable, développement durable, etc.) Nous avons les moyen de rétablir l'équilibre, il faut nous y mettre et reprendre la parole.

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